mercredi 22 avril 2009

Texte de la Lettre aux députés

Le 21 avril 2009 (à partir de cette date, chaque député de France reçoit personnellement ce message. Déjà la moitié des régions couvertes le premier jour.),


Objet : Sauvons l'enseignement professionnel.
Alerte sur les dangers de la réforme Bac pro 3 ans


Madame, Monsieur... (chaque lettre est personnalisée)

C'est en tant que professeurs que nous nous permettons de vous écrire, au nom de toute la communauté des Lycées professionnels et de la coordination « Sauvons l'enseignement professionnel », inter-régionale et inter-syndicale.

L'enseignement professionnel :

un rôle vital trop méconnu.

Comme vous le savez, l'enseignement professionnel représente environ 700 000 lycéens en France, un million en comptant les apprentis, soit 1 jeune sur 3, et plus de 60 000 enseignants au sein de 3 000 établissements de proximité.

Dernière offre culturelle intégratrice pour de nombreux jeunes avant l'âge adulte, il joue un rôle considérable à la fois sur le plan socio-éducatif et sur le plan économique :

Socio-éducatif, car le lycée professionnel est une filière d'excellence et de seconde chance pour des millions de jeunes salariés et de futurs entrepreneurs, qui ont y acquis compétences professionnelles et humaines, insertion sociale et autonomie, fierté et employabilité.

Économique, parce que nos formations initiales constituent un poumon indispensable pour des branches vitales de notre pays, comme par exemple le bâtiment et les travaux publics, l'automobile et la métallurgie, le bois, l'habillement, le tourisme, la restauration, l'hôtellerie, la vente et les services de proximité, l'artisanat et les métiers tertiaires, etc.

Les effets pervers d'une réforme précipitée.

Or, c'est cette filière que le Ministère de l'Éducation entreprend de brutaliser inutilement en généralisant sans raison la réforme dite « Bac Pro 3 ans ». Celle-ci se traduira par :

- la disparition injustifiable, dès la rentrée prochaine, des classes de BEP préparant en deux ans à un diplôme qui a fait ses preuves, des classes qui sont choisies chaque année par 400 000 familles,

- une dévalorisation historique du Bac-Pro qui perd une année d'étude sur quatre !

- la division par deux des heures d'enseignement artistique,

- la fragilisation de l'apprentissage (quel patron pourra promettre trois ans de contrat en alternance au lieu de deux ?),

- et par le risque du découragement et de l'exclusion à terme de centaines de milliers de jeunes qui sortiront de l'école sans aucune qualification.

Était-il nécessaire d'imposer à marche forcée cette réforme sans prendre le temps d'évaluer les expérimentations déjà en cours ? Fallait-il imposer ce bouleversement supplémentaire aux entreprises, en pleine crise économique mondiale

Comme vous le savez, il existe un contraste entre le rôle effectif de l'enseignement professionnel dans le pays et sa perception médiatique. C'est le « grand oublié » de notre société. Les familles concernées sont souvent les plus fragiles et les moins armées pour faire valoir leurs souhaits. C'est la raison pour laquelle, il est tentant pour le ministère d'imposer une réforme précipitée, alors que dans les autres secteurs (Lycée général, Université, IUFM), il a dû et su négocier et différer sa réforme.

Pourtant, des voix se sont déjà élevées dans les milieux économiques pour rappeler le ministère à la raison, et notamment de la part de l'UIMM (qui avait pourtant souhaité au départ cette réforme), de la fédération de la mécanique, de syndicats patronaux de l'artisanat, etc. Est-il raisonnable de profiter de l'apparente absence de contestation bruyante, et des vacances d'été 2009, pour imposer coûte que coûte cette réforme ? Ce serait une très mauvaise réponse à un besoin de réforme - car nous ne sommes pas immobilistes - mais qui, en l'état, aura un coût social inéluctable en terme de découragement, d'incivismes et de désinsertion sociale. Oui à une réforme, mais qu'elle soit concertée avec les acteurs sur le terrain.

Par ailleurs, vous n'ignorez pas que cette réforme, sous des prétextes pédagogiques, recèle un objectif d'économie considérable des moyens publics d'éducation (une année de moins en Bac pro, des classes plus nombreuses, des baisses des postes de professeurs, des recours à la précarisation des personnels.) Pourquoi pas, direz-vous ? Mais alors, il est de la responsabilité des décideurs de s'inquiéter de l'affectation exacte des fonds publics : pourquoi, avec tant de postes supprimés et de départs à la retraite non remplacés, le coût de l'éducation nationale ne baisse-t-il pas ? Les économies ne se perdraient-t-elles pas en dépenses bureaucratiques ou non affectées à l'éducation et de primes arbitraires, dans les administrations, bureaux et cabinets, loin des professeurs, très loin des élèves ?

Les gestes urgents que nous attendons de vous ce printemps 2009 :

Cette réforme doit s'appliquer à la rentrée de septembre 2009. Nous comptons sur vous pour que le ministère ait la sagesse d'abroger ses décrets, d'en différer l'application, comme il l'a déjà décidé pour les autres lycées d'enseignement général et technologique.
Nous vous demandons de saisir au plus vite les services ministériels et le rectorat de votre région, et d'interpeller si vous le souhaitez le ministre, par une question écrite ou orale au Parlement, en faisant part également de votre inquiétude auprès de votre groupe parlementaire et des médias.

Nous vous demandons également de bien vouloir permettre que notre coordination nationale de l'enseignement professionnel soit auditionnée dans les semaines qui viennent par les deux commissions permanentes de votre chambre qui sont compétentes pour l'enseignement professionnel : la Commission des Affaires culturelles et la Commission des Affaires économiques.

C'est désormais urgent si l'on veut éviter une grave régression socio-éducative, qui aurait inévitablement des incidences économiques à terme.

Nous avons entrepris d'écrire à chaque député et sénateur du pays, car vous devez être personnellement averti des conséquences d'une réforme qui se fait en votre nom.
Nous vous remercions par avance de bien vouloir nous faire part de votre action, que nous relayerons en temps réel sur notre site internet national : http://sauvonslenseignementprofessionnel.blogspot.com/

Dans cette attente, en vous priant de recevoir nos salutations distinguées, nous restons confiants et attentifs, déterminés pour le sauvetage de l'enseignement professionnel, restant à votre disposition pour vous rencontrer.

Pour la coordination "Sauvons l'enseignement professionnel",

Mmes Nolwenn Escoubet, Nathalie Facorat, Elisabeth Helfer, et Eleonore Leuthold ,

MM. Philippe Barvaux, Dimitri Cormerais, François Derout, Luc Douillard, Ronan L'Heveder, Frédéric Moreau et François Oudin.

Contact, tous courriers à adresser à :

« Sauvons l'enseignementprofessionnel », coordination inter-régionale / inter-syndicale de l'Enseignement professionnel,
c/o Élus professeurs du CA du lycée professionnel Michelet, 41 bd Michelet, 44322 Nantes cedex 3.

Adresse e-mail : <sauvonslenseignementprofessionnel@aliceadsl.fr>

http://sauvonslenseignementprofessionnel.blogspot.com/